Témoignage d’une visite sensorielle « peinture-musique-parfum » à L’Hermitage, Lausanne, 4 octobre 2014

Ce samedi 4 octobre 2014, une vingtaine de personnes se sont rassemblées dans la véranda de l’imposante maison abritant la Fondation de L’Hermitage pour prendre part à un événement hors du commun : une visite sensorielle  « peinture – musique – parfum » de l’exposition « Peindre l’Amerique, les artistes du Nouveau Monde » présentée à l’occasion du 30e anniversaire de la fondation.

Cette exposition exceptionnelle consacrée à la peinture américaine du XIXe siècle réunit un ensemble d’œuvres réalisées entre 1830 et 1900 dont la plupart sont présentées pour la première fois en Europe. Au cours de cette visite, bon nombre d’entr’elles ont été commentées sous la conduite experte de Joëlle Mora, guide-conférencière à la Fondation de l’Hermitage, et Marie-Anouch Sarkissian, coordinatrice Parfum-Musique (École Arts d’Essence), directrice artistique « Dialogue des Arts avec le Parfum ».

Centrée successivement autour de la nature morte, du portrait et du paysage – selon le concept de l’exposition – cette visite nous a d’emblée sensibilisée aux points d’ancrage dans la vie quotidienne auxquels se rattache intimement la construction de l’identité américaine parfaitement illustrés dans ces toiles majeures. Au-delà de la mise en évidence de la richesse artistique, Joëlle Mora s’est attachée à commenter avec érudition les liens qu’entretenaient les artistes avec les objets ou les mœurs et moyens d’existence de l’époque, leur esprit aventureux et explorateur, leur sensibilité à la beauté des paysages extraordinaires qu’ils ont su chaque fois restituer avec subtilité. A l’appui de son propos, Joëlle Mora a diffusé des extraits de pièces musicales allant de la musique de cow-boy aux musiques savantes américaines (d’ascendance  irlandaise, afro-américaine, indienne, etc.) en passant par les chansons de plantations, toutes choisies pour leur singulier pouvoir évocateur des ambiances révélées par les toiles exposées.

En parfaite harmonie, Marie-Anouch Sarkissian s’est souciée de présenter – sur des mouillettes agréablement dosées – des odeurs significatives du message ou du thème des toiles commentées, tel  le parfum fleuri-marin « New West for Her » du maître-parfumeur Yves Tanguy, parrain de cette manifestation, crée en 1990 et désormais chef de file de la famille olfactive aux notes aquatiques; les notes boisées-conifères ou celles plus herbacées évoquant les paysages ont été spécialement composées par le parfumeur-créateur Jacques Masraff, présent à cette visite. Marie-Anouch a complété cette dimension olfactive avec la note cuir « cow boy » traduite par le parfum « Knize Ten » (1924) fidèlement reconstitué pour la circonstance par le maître-parfumeur Jean Kerleo du Conservatoire International des Parfums – l’Osmothèque de Versailles.

 Avec le talent qui la caractérise, Marie-Anouch a ainsi noué les liens peinture – musique – parfum, trois arts majeurs porteurs d’un sens aigu de la communication et exprimant, ensemble, une certaine forme de totalité, d’achèvement. Nous l’avons personnellement ressenti comme la perfection de l’unité, elle-même source de dynamisme créateur et de mouvement, d’harmonie et de beauté artistique. Avec l’éclairage documenté, la lecture des œuvres visitées suscite certes intérêt, compréhension et plaisir mais les apports sensoriels dus à la musique et aux odeurs convoquent une émotion s’apparentant à la plénitude.

 Merci de ce beau cadeau.